Aimez-vous le homard en plastique ?

Au centre Georges Pompidou se sont croisées deux expositions : Marcel Duchamp qui fit scandale en son temps avec un bidet , et Jeff Koons. Duchamp se trouve aujourd’hui « muséifié » considéré comme l’un des  fondateurs de l’art contemporain .Koons, lui, ne fait pas scandale, il attire les foules  et les critiques le flattent. Il sait parfaitement mettre en valeur son œuvre et sa personne. Un sourire à l’américaine, il vous explique que tout petit déjà, ses parents admiraient ses dessins et  que devenu un artiste de renommée internationale, il se retrouve à la tête d’une véritable PME de plus de 100 personnes. Il s’achète même une caution morale en vous expliquant , qu’apôtre du bon gout ,il possède personnellement des œuvres de Memling, Picasso ,Courbet Magritte, ou encore Fragonard… . Comme si le talent de ces maîtres pouvait déteindre sur lui. Nous en sommes loin.

Qu’y a-t-il derrière l’œuvre de Koons ?  C’est lisse et brillant, mais c’est vide.

Que penser de ces ballons orange qui flottent dans un aquarium. Il y a fallu parait il la collaboration d’un grand scientifique pour qu’ils lévitent ainsi. Soit mais où se trouve l’art dans ces ballons tout droit sortis d’un magasin de sport ?

Un peu plus loin, un chien en boudins, pardon, un « balloon dog », comme ces  baudruches que l’on tord sur les foires pour amuser les enfants. Il voisine avec un cœur géant rouge et métallisé, gonflé, qui fait penser à une publicité pour une célèbre marque de chocolats à la cerise.

Enfin quelque chose qui ressemble à une sculpture : Michael Jackson allongé avec son singe, dans un habit jaune et or. Il parait  que Koons s’est vu accuser de plagiat pour cette œuvre …

Et pour essayer de vraiment  faire du beau, Koons s’empare de sculptures grecques auxquelles il colle une boule bleue, toujours lisse et brillante. Pour quoi faire ? Je n’ai pas vraiment compris je l’avoue l’intérêt de ces boules, la statuaire antique ne se suffisait elle pas ? Quelle arrogance que de « coller » ainsi une boule (ou une balle, ou un ballon ?) sur des œuvres qui représentent la perfection en elles-mêmes !

Le clou du spectacle, une salle ou il faut faire la queue pour accéder. En son temps, Koons (aujourd’hui rangé des wagons et pater familias), donc ce même et respectable Koons se plut à fréquenter la Cicciolina. Que reste-t-il de ces amours ? Quelques vagissements vaguement porno chic, c’est tout. Et le frisson d’avoir fait la queue pour les voir ?

N’oublions pas le fameux homard en plastique. Le pauvre animal qui pendouille la tête en bas fait plus penser à un jouet de plage qu’à une œuvre d’art. Ou sont les natures mortes des maitres flamands ? Pas au bazar du coin d’où vient cette sorte de « poupée gonflable ».

Koons est surement le reflet de son époque, il traduit avec brio le vide et le manque de sens de notre société, son succès commercial n’est-il pas au fond simplement le reflet d’une culture du fric et de la spéculation ? Un malin en fait Monsieur Koons, qui décrypte parfaitement  les faiblesses de notre époque et sait « surfer » dessus avec succès. C’est bien le talent qu’on peut lui rendre